Mauvais temps de l’Avent 2024 pour notre sécurité
25/12/2024
Sans remonter au tout début de l’Avent (cette année, le 1° décembre), cela a commencé par une conférence du secrétaire général de l’OTAN. Mark Rutte qui a souligné la probabilité d’une menace russe contre l’OTAN à un horizon de cinq ans.
Le tollé chez les pacifistes a culminé avec les dénégations de Mieke Vogels, ancienne gloire des Écolos.
Parmi les commentateurs habituels plus modérés sur les questions de sécurité, il y d’abord eu le bien connu Jonathan Hoslag qui est souvent en direct de Moscou. Il pensait qu'il n’y a pas de menace directe contre la Belgique à court terme et que les déclarations de Mark Rutte avaient pour seul but de conscientiser les opinions.
Quelques jours plus tard, le professeur Sven Biscop, notre ‘’armchair strategist’’ national de l’Institut Egmont, une émanation de nos Affaires Etrangères, et de l’Université de Gent abondait dans le même sens.
Nous voilà donc influencés par des tenants de la méthode des intentions par opposition à celle des possibilités. Historiquement, la méthode des intentions est celle qui a souvent conduit à des erreurs stratégiques majeures. Comme par exemple celle de Chamberlain, premier ministre britannique qui avait été rassuré quant aux intentions de ‘’Monsieur (sic) Hitler’’ avec qui il venait de signer les accords de Munich.
La méthode des possibilités qui évalue les capacités du rival et ce qu’il pourrait en faire a quant à elle bien fonctionné depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C’est elle qui nous a conduit à ne pas baisser la garde par ce qu’on appelle la dissuasion. Pour le moins jusqu'au début des années 2000 lorsque les dirigeants européens ont solennellement déclaré qu’il n’y avait plus de menace contre l’Europe tout en repoussant les velléités Russes de rapprochement de l’OTAN et de l’EU.
Et de se lancer dans une course aux dividendes de la paix qui nous laisse aujourd’hui avec des forces armées atrophiées, sous-équipées et aux stocks vides.
Mais revenons-en au problème : les patrons des grands services de renseignement (CIA, MI6 britannique, etc…) ont tous récemment souligné l’existence d’une menace russe à court/moyen terme. Et cela en public, ce qui n’est pas dans leurs habitudes.
Alors qui croire les tenants de la méthode des intentions ou les experts qui évaluent les possibilités de ceux qui pourraient nous menacer ?
Un cas récent plaide en faveur des experts qui avaient prédit l’invasion de l’Ukraine bien à l’avance. Leurs analyses ont été partagées au niveau de l’OTAN dès l’automne 2021, bien avant l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Et les politiciens européens et autres diplomates qui n’y ont pas cru se sont trompés sur les intentions russes. Ils n’avaient d’ailleurs pas prêté l’oreille à ceux qui depuis 2014 attiraient l’attention sur le non-respect des accords de Minsk et sur les exactions contre les populations russophones.