La Troisième Guerre Mondiale a-t-elle débuté ?
02/12/2024
Cet éditorial paru dans le magazine Le Point du 28 novembre est précédé d’un statement ferme « Face à une Russie qui brandit le chantage nucléaire, l’Europe doit résister à la tentation vaine d’apaiser Poutine ».
Son développement occupe les deux premières colonnes de cet éditorial qui devient néanmoins plus intéressant par la suite en pointant du doigt la mondialisation de ce conflit avec les complicités de la Corée du Nord, de l'Iran et de la Chine. Pour passer ensuite aux campagnes de sabotages et de désinformation dénoncées encore récemment par des services de renseignement respectés. Et ceci ne sont que deux des nombreux artefacts des guerres hybrides.
Par contre tour cela ne répond pas à la question qui fait le titre de cet éditorial. Pourtant la réponse est simple : oui en "mode soft".
Effectivement depuis les années 2000 qui ont sonné le glas des relations modérées avec la Russie en matière de Défense (j'ai encore assisté à l'OTAN à des réunions où était présent le Chef d'état-major russe), c'est un long catalogue d'actions russes qui sans relever d'une agression massive comme on l'attendait à l'époque du Rideau de Fer, visent nos intérêts européens et le fonctionnement de nos démocraties. Qu'on se souvienne du soutien russe à la Serbie visant à compromettre les efforts de pacification des Balkans. Qu'on se souvienne de l'invasion de la Crimée par des militaires russes déguisés en petits hommes verts ne portant pas le moindre insigne de nationalité. Qu'on se souvienne des régimes africains victimes de coups d'états fomentés par des militaires comme par hasard tous pro-russes et qui ont mis fin à toutes les coopérations de défense avec la France. Et de la liste des cyberattaques menées par des "fermes" de hackers russe contre des établissement aussi divers et variés que des hôpitaux belges. Sans parler des campagnes d'influence visant à orienter le résultat d'élections vers des candidats prorusses.
Le principal problème de la guerre hybride est qu'on y a peu réfléchi. On commence à peine à oser la mentionner alors que cela dure depuis 20 ans et les documents de doctrine stratégique restent vagues sur le sujet. Pourtant il faut y réfléchir sans perdre de temps. Les questions importantes sont d'abord de savoir si on riposte ou si on laisse faire. Et si on décide de riposter si cela se fait dans l'opacité chère aux services de renseignement et d'action directe ou si on en parle ouvertement pour, entre autres y sensibiliser l'opinion et montrer à l'adversaire que nous ne sommes pas dupes et capables d'appliquer la loi du Talion. La dernière question est celle de ce qu'on peut faire pour mettre fin à une guerre hybride que personne ne voudra escalader. Dénoncer à l'ONU ? Des démarches diplomatiques ? L'isolement ? Des sanctions économiques ? Des modifications unilatérales aux lois internationales dont les failles permettent par exemple à des navires "scientifiques" russes de faire le mapping de nos installations éoliennes ou de nos autre infrastructures sous-marines critiques ?
Donc oui nous y sommes, certes en mode "soft" mais il devient urgent d'y réfléchir et de définir une doctrine au niveau européen.